• Installez-vous dans une région bénie.

• Choisissez un jour de novembre ensoleillé

• Ignorez le passage des grues quelques jours plus tôt. Après tout, elles s'étaient peut-être trompées.

• Laissez vos pieds choisir eux-mêmes leurs chaussures.

• Ne reniez pas leur choix sous un vil prétexte calendaire. (quoi, on est à 1 mois de l'hiver ? ET ALORS ???)

• Choisissez d'ignorer les regards désapprobateurs prévisibles. ( " KOÂÂÂ ??? des nu-pieds à cette saison ??? mais ce n'est pas raisonnâââââbleuuuu !!! ")

• Pour peu que vous ayez laissé vos bras choisir leur tee-shirt (blouse fleurie toute légère), ce sera l'été... seule la nuit quasi-tombée en sortant du collège vous rappellera que pas tout à fait, tout de même...

• Prenez une région sismique.

• Convoquez votre tout premier vrai souvenir d'enfant  (pas un souvenir fabriqué par une légende familiale 1000 fois répétée, non : un souvenir que vous avez imprimé toute seule dans votre petite tête d'enfant, une image rien qu'à vous, une des premières...) : il fait nuit, vous vous étiez endormie et soudain vous êtes dans les bras de votre père, vous descendez les escaliers à toute vitesse. La terre tremblait, vous aviez... 4  ans ? Vous ne vous souvenez pas du réveil brutal, non, il vous reste juste l'image de cette cage d'escalier si familière dévalée à toute vitesse. Vous n'aviez rien compris mais dans les bras de papa vous n'aviez pas peur : c'était un peu comme un jeu. Sitôt arrivé dans la cour il vous avait posé au sol (un peu brutalement, ça aussi c'est resté dans le souvenir : inhabituel !) et était reparti chercher votre frère resté en haut. (Bien plus tard, vous avez appris que quelques annnées plus tôt un village à une centaine de kilomètres de là avait été dévasté par un tremblement de terre : il y avait eu des  maisons effondrées, des blessés, des morts. Bien plus tard encore, vous avez réalisé que votre père n'a pas pu prendre ses deux enfants en même temps, qu'il avait du laisser votre frère en haut pour vous descendre, vous... ) Le temps qu'il arrive en bas de l'escalier pour la seconde fois, ça ne tremblait plus. Mais le lendemain, on avait trouvé des fissures sur la maison...

• Imaginez le bruit d'un tremblement de terre : au début, comme un camion qui passerait dans la rue au bord de votre maison. Ça dure environ 1 seconde ou 2. Vous vous demandez si c'est bien un tremblement de terre, ou non ? Parfois (souvent) c'est une fausse alerte : un vrai camion, ou bien des travaux, ou autre chose. Parfois le doute n'est plus permis : ça commence à bouger un peu, on sent la vibration qui monte dans les jambes puis dans tout le corps. Puis, ça dépend du sous-sol : s'il est rocheux, le déplacement est vertical, vous tressautez de haut en bas. Sur un sous-sol meuble, le déplacement est plutôt horizontal : vous tremblotez de droite à gauche (ou de gauche à droite, c'est selon)

• Tenez compte de l'endroit où vous vous trouvez : en voiture, vous serez déçue car vous ne sentirez rien : le monde s'agite autour de vous et vous passez à côté sans rien remarquer, c'est hautement frustrant. À l'extérieur, les deux pieds bien posés par terre, vous serez curieuse de voir autour de vous ce qui se passe. À l'intérieur, au rez de chaussée : vous serez curieuse de voir s'il va falloir sortir, est-ce que ça va durer ?? À l'intérieur, au troisième étage... comment dire... vous prendrez conscience assez brutalement du sens d'une expression qu'on vous a répétée des dizaines de fois depuis que vous êtes enseignante mais dont vous n'aviez pas vraiment perçu la force jusque là : " vous êtes responsable des 30 élèves de votre classe " (lesquels 30 gamins ont plongé sous les tables en rigolant comme des baleines à l'instant où vous avez confirmé que oui, c'était bien un tremblement de terre, ah non il y en a un qui est encore debout et surtout tout blanc : c'est le petit nordiste qui est arrivé cette année !). Dans tous les cas, une fois la secousse passée, vous réaliserez que vous êtes bien peu de chose, sur cette terre... puis vous l'oublierez.

• Prenez une femme qui a grandi dans cette région, et qui n'a donc pas particulièrement peur des tremblements de terre. Elle a juste compris, bien avant Fort Boyard, toute l'urgence contenue dans le fameux " Sors sors sors !!! "

• Tenez compte du fait que, mystérieusement, les tremblements de terre sont plus fréquents chez nous en automne (octobre et surtout novembre). Ne posez pas de question sur ce phénomène, nous n'en connaissons pas l'explication. Simplement, nous constatons que c'est le cas. Or, nous sommes début novembre.

Le décor est planté. 

• Prenez une MimiChat affectueuse et communicative.

• Laissez-la dormir dans votre lit. (cf  : " Avant, vous aviez des principes. Maintenant, vous avez une MimiChat. ")

• Au petit matin, mettez-vous à plat ventre pour finir votre nuit : MimiChat viendra se coller contre votre tignasse, car visiblement les cheveux à la Pimprenelle lui semblent très confortables.Ça doit lui rappeler la fourrure de sa mère...

• Faites un bruit quelconque dans votre sommeil. MimiChat, qui aime la communication, vous répondra. Mais comme elle dort, elle ne se fendra pas d'un miaulement, non (personnellement vous la comprenez : quand VotreHomme a l'idée saugrenue de vous parler alors que vous dormez, vous vous estimez déjà bien généreuse de lui accorder un vague grognement en réponse). MimiChat se mettra à ronronner, là, tout contre votre crâne.

• ...

• Comme un bruit de moteur, en fait... genre... comment dire ? ... un  camion qui passerait dans la rue, au bord de la maison.

• ...

• Vous bondirez alors dans votre lit.
  

Quand même, les tremblements de terre la nuit, ça  a du vous marquer, quelque part...